Suite à une longue discussion sur différents forums concernant l’activation bactérienne par le sucre de table, j’ai demandé à Papillon (pseudo) de nous écrire un article complet sur le sujet. Je le remercie de sa participation et je vous souhaite une bonne lecture.
Le sucre de table et son intérêt en biologie aquatique
MISE EN GARDE : cette technique demande une bonne connaissance des paramètres de l’eau. A n’utiliser que s’ils sont tous parfaitement assimilés. Contactez votre fournisseur qui saura vous guider…
Le sucre, ou saccharose , est un composant de tous les êtres vivants dont l’intérêt en biologie aquatique est sujet à controverses. Cet article va tenter de faire le point.

Tout d’abord, pourquoi ces controverses ?
En effet, certains utilisent le sucre avec succès pour apporter un équilibre biologique plus rapidement, d’autres connaissent des échecs. Tentons de comprendre pourquoi…
Si l’on prend une mare qui vient juste d’être remplie d’eau, il faut longtemps pour atteindre un équilibre biologique (entre 2 mois et 6 mois, selon la taille). Il faut, en effet, passer par un stade où les nitrites apparaissent puis sont dégradés en nitrates par des bactéries nitrifiantes. Les nitrites sont connus pour leur toxicité pour les poissons.
En mettant du sucre, de l’ordre d’un sucre de taille n°3 par M3 (= 4 gallons env.), on voit les nitrites transformés en nitrates très rapidement, en 24 – 48 H, selon leur taux de départ.
Les bactéries nitrifiantes se multiplient très vite sous l’effet du sucre et l’eau peut accueillir des pensionnaires beaucoup plus vite , sous 10 jours, moins pour les « habitués ». Elles se mettent dans les filtres, le sol, qu’elles colonisent en attendant « d’avoir à manger ». Et elles empêchent les bactéries porteuses de maladies de se développer, « la place étant toujours réservée au premier occupant ».
Ces bactéries « dévorent » ce sucre pour se développer et le transforment en gaz carbonique + de l’eau. Il en résulte que ces gaz sont entièrement atoxiques SAUF si l’eau est très calcaire (GH>15° allemands) car le gaz carbonique dégagé s’unit au calcaire et forme un acide toxique, l’hydrogénocarbonate de calcium . De toute façon, le gaz carbonique ayant une très forte affinité pour le calcium, cet hydrogénocarbonate de calcium se formerait sans ajout de sucre, plus lentement, mais il se formerait, et là, apparaitraient les maladies des poissons, le sucre ne faisant qu’accélérer les choses. Fuyons donc le calcaire.

Une question se pose : Comment ces « bonnes bactéries » se nourrissent-elles par la suite ?
Tout simplement en « mangeant » les déjections de nos poissons, qui contiennent tout ce qui leur faut pour vivre, dont le sucre qui leur donne leur « énergie ». Il faut éviter cependant de provoquer une « indigestion » à ces bactéries car, si on nourrit trop les poissons, ou s’ils sont trop nombreux, « elles n’en peuvent plus », et les nitrites toxiques réapparaissent…(nitrites = déchets « non digestibles » par les bactéries et les plantes, toxiques ;nitrates = déchets « digestibles » par les plantes, (C’est le régal des nymphéas…).
La discordance des résultats entre aquariophiles vient donc de la teneur en calcium de leur eau de départ.
– Ceux qui ont une eau très douce obtiennent de bons résultats «à tous les coups».
– Ceux qui ont une eau calcaire ( = dure ) voient leur eau s’acidifier très vite et sont déçus.
Ces derniers peuvent avoir d’aussi bons résultats, A CONDITION d’avoir dans leur eau des anti-acides, abordés dans un autre chapitre, intitulé : « KH, Karbonat Härte », « Dureté carbonatée » en français , « réserve alcaline » et « pouvoir tampon » d’une solution aqueuse… C’est la partie la plus difficile de la biologie de l’eau mais il est intéressant de s’y attarder. Quatre façons, au moins, pour désigner la même chose… Espérons que la « TOILE » permettra d’unifier le terme !
A noter que, pour l’aquariophilie, le même procédé du sucre peut être utilisé, même avec des doses supérieures : 1/3 de sucre n° 3 par 250l ( = 1 gallon, approx.) d’eau, par exemple. De même en eau de mer, sous réserve de bien savoir ce qu’est le K.H. de savoir le maîtriser, car elle contient 427mg de calcium/litre, et 1350 mg de magnésium/litre, ce qui lui confère une dureté de 350-360° allemands !!! Très dure, l’eau de mer !!! …Mais c’est une autre histoire…

Pour mémoire, voici un petit index :
– Nitrite : penser à « appendicite », « bronchite » = « pas bon, ça ! »
– Nitrate : penser à « savate, t’es bon» mais point trop n’en faut ! (<25 mg/l) : il suffit pour ça de ne pas trop alimenter et de bien planter…
Papillon
S’il y a le moindre doute sur la compréhension de l’article, il est préférable de s’abstenir et d’utiliser les produits bactériens du marché. Toute tentative d’utilisation du sucre est à vos risques et périls. (Aquatechnobel)

